La marche pieds nus devient un phénomène de mode, profané, abusé, injustifié et absolument dénué de sens. Et je dis cela du point de vue de quelqu’un qui n’a pas porté de chaussures (à quelques exceptions près) depuis presque 10 ans. Dans l’environnement RM, cependant, la marche pieds nus occupe une place absolument essentielle. Mais on n’arrive pas à cette place en se posant des questions/en faisant un „calcul mathématique“ comme: est-ce que marcher pieds nus est sain? est-ce que c’est bénéfique? est-il agréable? est-il naturel? etc. On pourrait plutôt dire que l’on peut aborder ceci par le biais de questions comme: Est-ce que marcher avec des chaussures est sain? Est-ce que c’est bénéfique? Est-il agréable? Est-il naturel? etc., mais même si la réponse à notre calcul est diamétralement différente (même si on en a pas l’impression à première vue), le résultat serait toujours plus ou moins trompeur.
Tout d’abord, il ne s’agit pas de savoir s’il faut marcher pieds nus, ni s’il ne faut pas marcher avec des chaussures. Il ne s’agit pas non plus de la raison pour laquelle on se met pieds nus, car se mettre pieds nus pour une mauvaise raison n’apporte aucun « bien ». Il s’agit donc de la raison pour laquelle on ne portera pas de chaussures. Si quelqu’un pense que je suis juste en train de « jouer avec les mots », l’environnement RM n’est sûrement pas pour lui et ne lui apportera rien de « bon », (si ce n’est des sentiments issus d’illusions). Si tu vois, dans les trois premières phrases de ce paragraphe, quatre niveaux diamétralement différents, séparés et incompatibles, alors seulement pour toi, marcher pieds nus dans le cadre de l’environnement RM, peut avoir un certain sens et une certaine justification. Bien sûr, même dans ce cas, ce n’est pas si simple, puisque le quatrième niveau (la raison de ne pas porter de chaussures) n’est qu’un point de rebondissement pour approfondir un peu les questions/calculs. On peut voir (calculer) que marcher pieds nus n’est pas mieux que de marcher avec des chaussures, tout comme on peut calculer le contraire, et dans les deux cas, le résultat est correct. On peut calculer et obtenir des réponses positives à des questions telles que: est-il agréable de marcher avec des chaussures? est-ce sécuritaire? Est-ce sain? Est-ce bénéfique? est-ce « hygiénique », est-ce éthique? etc. Et nous pouvons arriver aux mêmes réponses positives si l’on pose ces mêmes questions cette fois-ci pour la marche pieds-nus.
Dans le contexte de la marche pieds nus, on peut même trouver plus de questions et de réponses positives, que dans le cas de la marche avec des chaussures, ce qui est assez révélateur, mais aussi un peu trompeur, car il n’est pas possible de dire que la marche pieds nus est « meilleure », car elle présente les mêmes avantages que la marche avec des chaussures et bien d’autres encore.
L’aspect santé est alors souvent un argument majeur pour les deux options (chaussures/marche pieds nus), ce qui en vérité est un argument indéfendable dans les deux cas. „Je parie mes chaussures » que si je fais un bilan de santé des pieds d’une personne marchant pieds nus et d’une personne marchant avec des chaussures, on trouvera plus de germes, de champignons et de bactéries sur le pied provenant d’une chaussure humide et transpirante. Cela ne signifie pas que marcher pieds nus soit meilleur du point de vue de l’hygiène ou de la santé, ce que tu sauras dès que tu essaieras d’argumenter de la sorte à une personne qui enlève ses chaussures, se blesse la peau, marche dans la première crotte qu’elle rencontre, « attrape » une infection et se cogne les deux gros orteils. Ce n’est pas si simple, mais encore une fois, les réponses positives à toute question ne doivent être qu’un effet secondaire de l’action humaine, qui est subordonnée à la raison juste, optimale et significative à tous les « niveaux ». Ainsi, une décision donnée doit également être soumise à l’état spirituel, mental et physique, ainsi qu’à une technique de marche adéquate (elle ne s’apprend pas du jour au lendemain, elle doit être comprise, entendue mais aussi respirée), à la position du bassin, des genoux et des épaules, à une respiration adéquate qui est absolument indispensable, etc. Bien entendu, il en va de même pour la marche avec des chaussures, à la différence que dans la marche pieds nus, toute disharmonie et tout manque de sens se manifesteront beaucoup plus rapidement. Je ne suis en aucun cas un promoteur de la marche pieds nus, ne serait-ce que parce que je vois des marcheurs pieds nus marcher pour des mauvaises raisons et avec une mauvaise technique, ce qui est à la fois malsain et même très dangereux. On en arrive alors à la même comparaison que la métaphore de la serre. La marche pieds nus n’est donc ni saine ni bénéfique et est même dangereuse. Seule la bonne raison et le travail que l’on y consacre peuvent la rendre saine et bénéfique. Tout aussi dangereuse est la mode des chaussures « pieds nus » (barefoot), que l’on peut comparer au « désastre » de la laisse de chien auto-rétractable, c’est-à-dire la „liberté en laisse ». Il n’a aucun sens dans le principe dans lequel il est utilisés.
Cela ne signifie pas que les chaussures « barefoot » ne peuvent pas être utilisées efficacement, mais dans des connotations, des principes et des buts complètement différents. Je vois un nombre incroyable de personnes portant des chaussures « barefoot » qui sont tombées dans la mania de la mode et de la propagande (comme dans le fitness, l’alimentation biologique, le régime, l’exercice, etc etc) et qui les « enfilent » comme s’il s’agissait de chaussures normales. Dans ce cas les chaussures « barefoot » ne sont pas seulement malsaines, mais extrêmement dangereuses. C’est d’autant plus dangereux si l’on alterne les chaussures « barefoot » avec des chaussures normales, tout comme c’est une combinaison dangereuse si l’on alterne les chaussures normales avec la marche pieds nus. Non pas que cette alternation soit impossible, car c‘est possible de le faire de façon saine et significative. Mais c’est encore une fois soumis à une raison, une technique et une raison adéquates. On peut envisager une combinaison de la marche pieds nus et de la marche avec des chaussures « pieds nus », mais seulement dans certaines conditions et, là encore, seulement si cela a du sens et pour une raison adéquate. Il s’agit donc de savoir pour quelle raison nous nous déchaussons et si nous pouvons justifier cette raison dans le cadre de notre propre potentiel et de notre situation de vie actuelle.
Je travaille sur cette problèmatique depuis presque dix ans, sous différents angles, et je passe un certain temps dans des chaussures de toutes sortes, mais on peut dire que cela dépasse rarement quelques dizaines de minutes par an. Je dis cela, entre autres, parce que je dois passer un certain temps dans des chaussures, non pas de mon plein gré, mais parce que sinon il y a discrimination (ce qui ne serait pas si mal) mais aussi sanction. Parce que la communauté des marcheurs pieds nus (en Europe) est très petite (à laquelle je n’adhère pas ou je ne m’identifie pas), tout comme la communauté (à laquelle je peux m’identifier) des personnes qui « marchent juste sans chaussures » (pour des bonnes raisons) sans lancer des arguments par rapport à la nature, l’ésotérisme, un style de vie, de la propagande, la santé, etc., est très faible, voire minuscule et presque négligée, je n’ai pas l’impression que quelqu’un s’intéresse à la manière d’exploiter ces tendances mais cherchent plutôt à les supprimer, de les discréditer, de les sanctionner ou de les discriminer, ce qui est l’une des raisons de la création de cet espace au sein de RM. Bien sûr, je pourrais parler pendant des heures et des jours de la marche pieds nus, ainsi que de la façon dont il est possible de marcher pieds nus pendant des années et d’éviter les blessures, ainsi que de ce que les blessures peuvent signifier, de la technique de marche, des principes et des raisons